Chronique archéologique 2011

Cahiers d’archéologie fribourgeoise
Chronique archéologique 2011

Bossonnens – Château

Fouille-école
Bibliographie: AAS 92, 2009, 321-322 et CAF 11, 2009, 213, avec bibliographie; AAS 93, 2010, 270; CAF 12, 2010, 159; AAS 94, 2011, 266-267; CAF 13, 2011, 227-228.

Habitat, bourg et château

2011 marque l’arrêt provisoire de la fouille- école qui s’est déroulée chaque année à Bossonnens depuis 2004. Il s’agit maintenant d’analyser les résultats des huit campagnes de fouille, afin de disposer d’une base de discussion pour la poursuite des recherches sur le site. La création d’un parcours didactique englobant, selon la variante qui sera choisie, un nombre plus ou moins conséquent de murs et de structures archéologiques dégagés durant les fouilles est également à l’ordre du jour; actuellement, seuls ont été mis en évidence et restaurés des parties du mur d’enceinte et deux bâtiments qui flanquent une porte d’accès au bourg, au nord-ouest du site, ainsi que le donjon quadrangulaire. En 2011, la fouille s’est concentrée sur la zone située directement au nord de la plateforme d’artillerie, qui s’étend au nord du donjon quadrangulaire.
Le but était d’établir, comme pour les phases de construction, une chronologie relative entre le bâtiment double exploré en 2009/2010 déjà et les trois phases du mur d’enceinte. En revanche, la mise en relation des différentes phases de démolition/occupation avec le contexte historique connu s’avère plus difficile. Un dépouillement complet des structures et du mobilier épars découverts, en lien avec les méthodes de datations absolues, livrera certainement d’autres indices.

Vestiges et fouilles
Vue vers le sud sur l’ancien mur d’enceinte et le donjon guadrangulaire. Etat après la fouille de 2011.

Au stade actuel de l’étude, seuls seront résumés ici les phases et résultats les plus significatifs:

1. Comme en témoignent les niveaux de marche et les remblais ainsi que les pierres rougies par le feu réutilisées dans l’enceinte, le site a déjà été occupé avant la construction du complexe principal et de son mur d’enceinte.

2. L’ensemble comprenant le donjon circulaire et le mur qui l’entoure semble avoir été construit d’un seul jet. La typologie du donjon circulaire permet de faire remonter cet assez vaste complexe à la seconde moitié du XIIIe siècle.

3. Suite à un grave incendie qui peut être daté du XIVe siècle grâce à une monnaie, le site a subi une démolition partielle puis une reconstruction. A cette occasion, la partie sud de la maison double a fait l’objet d’importantes rénovations et transformations.

4. L’érection du donjon quadrangulaire et du mur mégalithique maçonné qui lui est lié constitue une intervention marquante pour le site. Le donjon se retrouve alors quasiment au milieu de la limite occidentale de l’ancienne enceinte, immédiatement au nord d’un fossé dont l’appartenance au système défensif n’est pas encore validée de façon certaine. Cette phase est probablement de peu postérieure à la précédente.

5. La fouille de 2011 a permis de prouver que la maçonnerie massive située devant l’enceinte, au nord-ouest, constituait la phase la plus récente des travaux d’adaptation des fortifications. Dans ce contexte, la face externe subverticale de cette maçonnerie, qui rappelle un bastion, est particulièrement digne d’attention. Sur la base des maçonneries, cette phase de construction peut être datée du XVIIe siècle, mais avec prudence.

6. L’ultime phase de construction, qui remonte à l’époque moderne, englobe la plateforme d’artillerie et le mur en pierre sèche situé à l’angle nord-est du donjon quadrangulaire, qui a été érigé au-dessus des couches de démolition. Même si le bourg de Bossonnens n’était déjà presque plus habité peu après sa construction, l’ensemble castral, avec les quatre phases de son système offensif et défensif qui ont pu être mises en évidence, demeure très intéressant. Occupé, avec quelques interruptions, du XIIIe siècle jusqu’à l’époque moderne, le site constitue un complexe important pour ce qui concerne les techniques d’attaque et de défense.

Christian Kundig